Le monde de la F1 pleure une légende : l’ancien champion allemand et mentor de Michael Schumacher nous a quitté

Jochen Mass

Alors que Michael Schumacher demeure à l’abri du monde depuis son terrible accident, une onde de choc frappe son entourage avec la disparition de Jochen Mass, ce mentor discret qui avait accompagné ses premiers pas vers la légende.

Il n’avait pas besoin de projecteurs pour exister. Pas besoin de cris, de champagne ou de drapeaux. Dans le silence des paddocks, il imposait le respect, juste par sa posture, par la précision de son regard. Ceux qui ont croisé Jochen Mass sur un circuit vous le diront tous : il n’était pas là pour la gloire, mais pour la course, la vraie. Et aujourd’hui, le monde de la F1 perd bien plus qu’un ancien pilote. Il perd un artisan de l’ombre, un homme de transmission, un mentor de Michael Schumacher.

Jochen Mass : l’héritage d’une modestie solide comme un moteur allemand

On parle souvent des records, des titres, des coupes soulevées sous la pluie ou le soleil brûlant. Mais ce que Jochen Mass laisse derrière lui dépasse les chiffres. Né en Bavière, le garçon rêvait d’horizons marins. Il aurait pu devenir navigateur. Ce sont finalement les rugissements mécaniques qui ont pris le dessus. Les débuts sont simples, presque bricolés : une Alfa Romeo prêtée, des circuits régionaux, des victoires arrachées au courage. Petit à petit, la porte s’ouvre vers les sommets. Le Mans en 72. La F1 deux ans plus tard. Puis McLaren. Il remporte un Grand Prix en Espagne, dans une course assombrie par un terrible drame. Sa trajectoire ne suit pas celle des étoiles filantes, mais plutôt celle des mécanos patients : fiable, constant, appliqué. 114 Grands Prix, 71 points, et surtout une réputation d’homme droit, apprécié par ses pairs. Il n’a jamais couru après la lumière. Et c’est peut-être pour ça qu’elle l’a suivi aussi longtemps.

Un lien discret mais décisif : le mentor de Michael Schumacher

La vraie grandeur, c’est souvent celle qu’on ne revendique pas. Dans les années 80, Jochen Mass devient un visage familier chez Mercedes. Le constructeur lui confie un rôle clé : accompagner les jeunes espoirs. Sur la Sauber-Mercedes C11, il se retrouve aux côtés d’un tout jeune pilote, fougueux, rapide, mais encore brut : Michael Schumacher. Entre les deux, pas de grands discours. Une pédagogie sobre, efficace. Il lui apprend à freiner tard, mais à réfléchir tôt. À lire une piste comme on lit un livre, virage après virage. À encaisser les défaites sans perdre la tête. Sans ce compagnonnage, l’histoire aurait sans doute été différente. Schumacher lui-même n’a jamais oublié cette phase de formation. Sans jamais le dire trop fort, il savait qu’il tenait là son mentor, son premier repère dans un univers où tout va trop vite.

Un pilote, pas une star : la disparition d’un homme rare

L’annonce de sa mort a frappé ceux qui savent. Il s’est éteint à 78 ans, en mai, après une longue hospitalisation liée à un AVC survenu en février. Ce n’est pas le genre d’homme qu’on voit partout sur les réseaux ou dans les talk-shows. Pourtant, les hommages ont afflué. Les circuits qui l’ont vu courir — Nürburgring, Le Mans — s’apprêtent à lui rendre un dernier salut. On parle peu de lui, mais toujours avec le même mot : respect. Car au-delà des résultats, il incarnait un état d’esprit qu’on voit rarement aujourd’hui. Un amour du travail bien fait. Une manière d’enseigner sans imposer. Une élégance naturelle, même casque vissé sur la tête. Et cette retenue, cette pudeur, qu’il portait jusque dans sa retraite discrète.

Même après avoir raccroché le casque, il ne s’est jamais vraiment éloigné. Il commentait, participait à des événements historiques, roulait parfois pour le plaisir. Mais il n’a jamais fanfaronné. Jamais cherché à capitaliser sur sa proximité avec Schumacher. Il aurait pu, pourtant. Être le mentor de Michael Schumacher, ça aurait suffi à remplir des livres entiers. Mais ce n’était pas son genre. Il préférait laisser les faits parler, les souvenirs faire leur travail. C’est là toute la beauté de son parcours. On se souviendra de ses virages, de ses conseils murmurés dans le paddock, de sa silhouette penchée sur le capot d’une voiture. Ce qu’il lègue, c’est une certaine idée du sport. Pas du spectacle. Du sport.

Jochen Mass, dernière figure d’une époque en voie de disparition

Aujourd’hui, les légendes ont souvent des agents, des contrats, des punchlines prêtes à l’emploi. Jochen Mass, lui, appartenait à un autre monde. Celui des pilotes qui réparaient leur propre machine, qui donnaient de leur temps sans compter, qui formaient sans attendre de reconnaissance. Son histoire n’a rien d’un conte de fées. Elle parle d’effort, d’écoute, de patience. Et de cette fameuse transmission, qui le lie pour toujours à Michael Schumacher, dont il restera, à jamais, le mentor discret. Dans un sport où l’égo dépasse souvent le talent, sa disparition rappelle l’essentiel. On peut marquer une génération sans jamais élever la voix. On peut inspirer sans s’imposer. Et on peut être une légende sans jamais chercher à en devenir une.

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