« Je ne crois pas que les Français soient assez cons » : sur RTL, Alain Souchon juge peu probable une victoire du RN à la présidentielle 2027

Alain Souchon RN

Une prise de parole peut parfois faire plus de bruit qu’on ne l’imagine. Il suffit d’un mot, d’un ton, d’une intuition exprimée avec sincérité. Quand une personnalité aussi populaire qu’Alain Souchon se lance dans un commentaire sur la politique, les réactions se multiplient. On l’écoute, on réagit, on discute. Et très vite, l’affaire déborde du cadre d’une simple interview. Cette fois, la scène s’est jouée sur RTL et a laissé une trace claire dans le débat public.

Alain Souchon : des déclarations chocs sur la RN

Alain Souchon venait parler musique. Rien d’étonnant. À 81 ans, il signe un nouvel album, Studio Saint-Germain, où il revisite ses propres chansons avec ses deux fils, Charles et Pierre. L’occasion était belle : une journée spéciale sur RTL, des souvenirs à raconter, des projets à partager, et un public heureux de retrouver un artiste qui a marqué plusieurs générations. On pensait entendre parler de mélodies, d’écriture, de tournées. Puis l’échange a glissé vers l’actualité politique, et les propos d’Alain Souchon sur la RN ont immédiatement pris une ampleur inattendue.

Il a confié ressentir un climat pesant. Pas seulement en France, mais partout. Une forme d’inquiétude diffuse qui traverse les conversations et les journaux télévisés. Il a parlé des tensions internationales, de ce qu’on voit chaque jour défiler sur les écrans. Une sorte de tableau mondial qui inquiète même les personnes habituellement optimistes. Il a dit ressentir cette peur que les choses basculent, que les conflits s’aggravent. Ses mots avaient quelque chose de très humain, presque d’intime, comme s’il partageait une pensée qu’il gardait depuis longtemps.

Interrogé sur la montée du Rassemblement National, il a répondu avec son franc-parler doux, celui qu’on lui connaît. Il a expliqué ne pas croire à l’idée d’un pays dirigé par ce parti. Pas parce qu’il se voit comme donneur de leçons, mais parce qu’il garde confiance dans une forme de bon sens collectif. Pour lui, la France a toujours résisté à certains excès. Il reconnaît que le parti progresse, qu’il inquiète, qu’il nourrit des conversations passionnées. Mais il reste persuadé que la population n’est pas prête pour un tel choix. Ses mots n’étaient pas agressifs, mais teintés d’un mélange de surprise et de doute face à cette évolution politique.

Une réaction politique rapide et très médiatisée

Les phrases de Souchon ont circulé rapidement. Les extraits ont été repris dès le lendemain. Comme souvent, ce type de prise de position déclenche un écho immédiat. Les responsables politiques du RN ont jugé ses déclarations décalées. Sébastien Chenu, sur RTL, a parlé de mots « méprisants ». Il a expliqué que ce genre de discours alimente un ressentiment profond et que l’artiste ne comprendrait pas vraiment la réalité du pays. L’affaire a rapidement tourné en boucle sur les plateaux télé et sur les réseaux.

Interrogé sur BFMTV, Patrick Sébastien a jugé, lui aussi, que les propos d’Alain Souchon sur la RN allaient un peu trop loin, tout en rappelant que chacun reste libre de dire ce qu’il pense. Il rappelait que certaines phrases, même dites sans intention de blesser, peuvent nourrir un fossé déjà bien installé entre différentes sensibilités politiques. Sa réaction tenait presque du conseil amical, comme si l’artiste avait simplement parlé trop vite.

Arditi prend la défense de Souchon

Face aux critiques, Pierre Arditi a tenu à réagir. Il connaît bien Souchon, admire son travail, comprend son caractère. Il a rejeté l’idée que le chanteur soit un « bobo germanopratin ». La formule circule souvent dans les débats pour disqualifier certains artistes. Arditi n’a pas laissé passer l’étiquette. Pour lui, Souchon n’a rien d’un stratège, rien d’un provocateur. Il parle comme il pense, simplement, sans calcul.

Il a insisté sur un point essentiel : chacun a le droit de dire ce qu’il croit juste. On ne demande pas aux artistes d’être neutres. Et on ne leur demande pas non plus d’être parfaits. On leur demande d’être sincères. Et dans ce cas précis, Arditi estime que Souchon l’a été. Il dit partager la même sensibilité politique que lui, même s’il n’adhère pas à tout, notamment à l’idée annoncée en plaisantant que le chanteur partirait en Suisse si le RN arrivait au pouvoir. Pour Arditi, c’était une exagération, une façon d’imager une inquiétude. Une phrase lancée sans calcul.

Son soutien a permis d’apaiser un peu les choses. Il a rappelé que le débat politique ne devait pas se transformer en tribunal moral où chaque mot serait disséqué. Il a replacé les propos d’Alain Souchon sur la RN dans un contexte plus simple : celui d’un artiste interrogé sur une inquiétude générale, comme n’importe quel citoyen.

L’écho dans la société, au-delà du monde politique

Ce qui rend cette affaire intéressante, c’est le décalage entre l’intention et la réception. Souchon n’a pas cherché la polémique. Il n’a pas prononcé un discours militant. Il a partagé un ressenti personnel, teinté de prudence, d’appréhension et d’expérience. À son âge, il observe la société avec un regard long. Il a traversé plusieurs époques, vu monter et descendre des mouvements, senti les émotions de toute une génération.

Les réactions montrent à quel point le débat politique en France est devenu sensible. Une phrase suffit pour déclencher un flot de commentaires. Certains ont salué son courage. D’autres ont estimé que les artistes devraient rester en retrait. On retrouve ce vieux débat sur la place de la parole publique, sur ce qui revient aux chanteurs, aux comédiens, aux écrivains. Pourtant, depuis toujours, les artistes reflètent l’air du temps. Ils captent ce qui circule dans les conversations. Et souvent, leur parole dépasse la simple opinion individuelle.

Ce n’est pas un hasard si les déclarations d’Alain Souchon sur la RN résonnent autant. Ils touchent à une question qui traverse le pays : comment comprendre la progression d’un parti qui a longtemps été considéré comme marginal ? Comment interpréter le fait que certains y voient une solution, quand d’autres y lisent un risque ? Souchon n’a pas prétendu apporter une réponse. Il a seulement exprimé une inquiétude personnelle. Mais ses mots touchent quelque chose de plus large.

Une parole d’artiste, une parole citoyenne

Le plus intéressant dans cette affaire, c’est peut-être la manière dont elle illustre la place des artistes dans le débat public. Certains les écoutent avec attention. D’autres les rejettent. Mais personne ne reste indifférent. On peut y voir un signe : dans un pays marqué par une forte culture politique, même une phrase prononcée sans intention de provoquer peut devenir un élément du débat national.

On peut aussi y lire un besoin de figures rassurantes. Lorsque Souchon dit qu’il garde confiance dans le discernement des Français, il ne prononce pas une prédiction. Il partage un espoir. Il laisse entendre que le pays a déjà traversé des périodes agitées, et qu’il a su, chaque fois, trouver une forme d’équilibre. Sa phrase n’est pas un jugement. C’est une manière de dire qu’il croit encore à une forme de retenue collective.

Les polémiques passeront. Les déclarations circuleront encore un moment, puis laisseront la place à d’autres débats. Mais les propos d’Alain Souchon sur la RN resteront comme un moment révélateur. Un instant où un artiste a dit tout haut ce que beaucoup ressentent tout bas. Un instant où la musique a laissé place à la politique, sans que l’un ou l’autre ne perde sa sincérité.

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